Crif, un dîner presque parfait

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Chaque année vers le mois de mars, au Pavillon d’Armenonville, le Crif reçoit tous les responsables politiques qui comptent et tous les juifs qui ne comptent pas (oui, à 700 euros le dîner, faut pas être près de ses sous). Ce dîner, il est comme dans l’émission de M6, presque parfait, sauf que là y a 500 convives. Impossible donc de les faire passer un par un aux toilettes pour demander leurs impressions. Je m’en suis donc chargée. 
 
Le repas : 5/10. Oui je suis dure, mais de toute façon, personne ne vient pour ce qui se passe dans l’assiette. Bon ok, t’as toujours un ou deux mecs qui viennent pour grailler, mais avouons-le, c’est rare. En règle générale, c’est les mêmes qui font de l’oeil au plateau-repas que t’as pas touché sur le Paris-Tel Aviv du 4 août de Sundor. En récupérant son manteau au vestiaire, le spécimen en question n’hésitera pas à s’immiscer dans une conversation entre le porte-parole du Spcj et un président de communauté de Seine-Saint-Denis. Chopant au vol la phrase « il faut vraiment accentuer la présence policière à l’entrée », il répondra « c’est faux monsieur. L’entrée était très bonne. Mais sinon, je vous l’accorde le plat, zéro pointé. La sauce forestière était fade ».
 
Phrase à éviter : (surtout si tu es à la table du Grand Rabbin de France) « Moi, j’aurais fait en entrée un carpaccio de Saint-Jacques, c’est la saison. On peut même le napper de légères tranches de chorizo grillé. J’ai vu ça dans Top Chef ».
 
L’ambiance : 4/10. Pas la peine de faire tourner les serviettes, on est pas là pour rigoler. Au programme, antisémitisme, antisionisme, terrorisme… Au centre de la scène, deux intervenants pour une battle façon concours de slam, où, comme à l’École des Fans, tout le monde a gagné. À ma droite, Richard Prasquier, président du Crif, qui rappelle la nécessité de la lutte contre l’antisémitisme et l’indéfectible soutien à Israël. A ma gauche, François Hollande, président de la République, qui rappelle combien la France aime les juifs, combien la France a besoin des juifs, combien entre la France et les juifs, c’est le big love. Le duo est bien rodé, pour un peu, on les verrait bien jouer dans la pub « Ah non ! La cuisine c’est nous… et SchmidT ». Le premier se lâche un peu, c’est la fin de son mandat. Le second serre les dents. C’est le début de son mandat. Il sait que dans la salle, ceux qui ont voté pour lui sont aussi nombreux que les Victoires de la musique sur la cheminée de Pascal Obispo.
 
Phrase à éviter : « Je sais pas qui sont les mariés, mais ils en connaissent du monde. Par contre, c’est quoi ce mariage où il n’y a ni piste de danse ni orchestre ! ».
 
La décoration : 9/10. Dans l’émission de M6, les invités scrutent la décoration de table, ici les invités scrutent les têtes connues. On se bouscule pour apercevoir Manuel Valls, « il est bien lui je l’adore ! Hollande a bien fait de prendre des ministres sarkozystes, c’est l’ouverture ! ». On se presse autour de NKM, « qu’est ce qu’elle est maigre… il paraît que pour garder la ligne, elle boit du sang ! ». On chuchote, perfide, au passage de Laurent Fabius, « un juif anti-israélien, si c’est pas malheureux… ». Vous l’aurez compris, l’objectif de tout ce beau monde est de côtoyer le temps d’une soirée les grands acteurs de l’État. Bon, c’est sûr que parfois, la rencontre entre l’ancien de l’Enio et l’ancien de l’Ena, ça fait des étincelles. S’adressant à Valérie Trierweiller sans la reconnaître, un convive lui glisse pendant le discours de François Hollande : « ils parlent, ils parlent, mais ils font rien. Qui aborde les vrais problèmes ? Personne. Prenez  la rue Réaumur, on circule pas. Moi le mariage pour tous, je m’en tape ! Je veux des couloirs de bus pour mes livreurs, merde ! ».
 
Phrase à éviter : « Elle est pas là Marine le Pen ? Ben quoi, y a bien l’écologiste Jean-Vincent Placé. A choisir…. ».
 
Moyenne générale : 6/10. Le dîner du Crif, finalement, c’est une réunion de mecs qui toute l’année expliquent que les juifs ne dominent pas le monde contrairement à ce que pensent les antisémites, et qui salopent tout en un soir en faisant se déplacer toute la classe politique.
 
 
The SefWoman
Ma philosophie se situe entre « A Kippour tout le monde pardonne, sauf moi » (Raymond Bettoun) et « Dieu n’existe pas, mais nous sommes son peuple » (Woody Allen)
 

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© visuel « Un dîner presque parfait » DR
Article publié le 21 mars 2013. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2016 Jewpop

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