Jérusalem sous la neige

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Tout est extrême dans les températures  en Israël; quand il fait chaud, il fait très chaud. Quand il pleut, c’est la tempête. Et quand il neige…
 
Une douche continue pendant des jours et des nuits. Deux parapluies cassés en deux jours. Un vent épouvantable en rafales violentes. Des branches d’arbre brisées, des ruisseaux sur la chaussée, des mares qui font presque nager les voitures… Heureusement que j’ai de bonnes bottes à talons en cuir étanche ! Mardi, fin de la journée, il est 17h, il fait nuit noire, je suis au bureau. et tout d’un coup, vwouuuuw ! Black out. Les ordinateurs et toutes les lumières de la tour s’éteignent. On ne distingue pas à 50 cms qui, quoi, où. Il est temps de rentrer, je sors rapidement sans demander mon reste…
 
Le bus met vingt bonnes minutes à faire une station, c’est l’affluence maximale, tandis que le tonnerre gronde. Il me faudrait prendre un autre bus pour arriver chez mon amie Léa K., qui vient de faire son alya. Beau temps pour l’accueillir… L’autre bus se trouve à cinq minutes de marche, mais c’est peine perdue : on ne peut pas faire un pas ! Je trouve finalement un taxi, qui négocie un tarif pour m’emmener à Emek Refaim, un mignon petit quartier assez central. Il m’explique que s’il neige demain, toutes les routes seront bouchées. Pas à cause de la fine couche blanche sous les roues des voitures : non, mais parce que tout Israël, de Tel-Aviv à Ashdod en passant par Kfar Saba, va venir à Jérusalem pour voir la ville enneigée. Mais il ne neigera pas avant demain soir, me dit-il. La neige est toujours précédée de reflets dorés dans les nuages, reflets que notre vieil expert ne distingue pas encore.
 

 
J’arrive à destination, avec Léa on ira boire une soupe dans un petit restau trendy végétarien-bio, avec même des recettes sans lait et sans gluten. Une soupe bien chaude, c’est vraiment ce qu’il fallait et je ne suis pas mécontente d’avoir apporté ma fine veste en cuir et mon long manteau rouge, que je superpose, mon béret en laine et mes gants. Puis le lendemain, des averses de grêle. Je reste travailler au café Aroma, l’Internet est en accès libre et ils ont une excellente soupe à la patate douce pour 26 shekels. Les gens sont comme des fous, la neige est annoncée, les petits ne vont pas à l’école et sont scotchés aux fenêtres, les grands aux prévisions Internet, à l’affût du moindre flocon. Beaucoup ont une bonne excuse pour sécher le boulot, la plupart des routes sont bloquées. La neige ! c’est si rare, mais elle va arriver ! Elle a déjà pointé à Hebron, à Ofrah, sur les hauteurs, sur le Mont Hermon qui accueillera sans doute les skieurs d’ici quelques jours. Et déjà un plan d’urgence a été lancé, le maire de Jérusalem prévoit des lieux pour les sans-abris, des chasses-neige sur les starting blocks pour déblayer, et tout ce dont un pauvre pays oriental du Levant est capable pour lutter avec joie contre cet ennemi occasionnel, dont le surgissement est vécu comme une fête.
 

 
Ce soir je dors chez ma copine Ema, qui habite à Jérusalem. Il fait très froid, après les trombes d’eau du début de semaine, elle est enfin arrivée : voici la neige !
 

 
 

 
 

 

Elodie Tordjman

Photos : Marc Israel Sellem / Jpost.com, publiées avec son aimable autorisation.

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