This is our world

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Qu’est-ce qui anime les êtres humains ? Qu’est-ce qui fait que l’on décide chaque matin de se lever, abandonnant les rêves de la nuit, si ce n’est l’espoir. Oh, il n’a pas besoin d’être immense. Un brin d’espoir de quelque chose peut suffire. Lorsqu’il est remplacé par la peur, la haine et le conflit, le résultat est le documentaire de la réalisatrice franco-israélienne Tamara Erde, This is my land, projeté dans le cadre du festival Enfances dans le monde.
 
Se remémorant ses propres cours lorsqu’elle était enfant (en Israël), Tamara Erde se rend compte qu’elle n’y a rien appris sur “l’autre côté ”. « Comment se fait t-il que je sache peu de choses ? (…) on m’a mis ce mur qui m’a empêchée de vouloir savoir ». Dans le but de comprendre si les choses s’étaient améliorées, la jeune réalisatrice a suivi plusieurs classes d’israéliens et palestiniens afin de découvrir ce qui était enseigné de chaque côté. Le choc est rude. Son constat « aujourd’hui oui le savoir est là, grâce à Internet notamment, mais il faut quand même aller le chercher ». Pour elle, la génération d’aujourd’hui a certes un accès facilité à la connaissance, pourtant elle semble moins curieuse qu’avant.
 
Ce n’est pas tant l’enseignement de l’autre ou du conflit qui choque dans ce documentaire, que la réalité humaine de ces enfants pris au piège de leur appartenance à un groupe. De chaque côté la peur est palpable, quand elle n’est pas exprimée. Peur de l’autre, peur de disparaître en tant que peuple ou nation, peur de souffrir. Pour un grand nombre d’élèves, “l’autre“, s’il existe, est un ennemi que l’on doit craindre, et combattre sous peine de mettre en jeu sa propre existence. Un jeune garçon d’environ 10 ans d’une école religieuse juive à Itamar (colonie israélienne) interrogé sur le conflit, répond « c’est quoi le conflit ? ». Un autre, palestinien, sensiblement du même âge, lit une lettre à un ami juif français imaginaire dans laquelle il raconte qu’Israël lui a tout pris.
 

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Chaque côté vit dans son univers, dans sa bulle. Comment leur demander de comprendre l’autre ou même simplement de savoir que l’autre existe si le monde qui les entoure n’a pas cette exigence. Même l’école mixte ne réussit pas vraiment à nous faire imaginer un avenir meilleur. « Il ne faut pas oublier que cette école existe dans un contexte. Ils ont les gouvernements qu’ils ont, les médias qu’ils ont etc. », explique Tamara. L’école n’est pas seule actrice de leurs quotidiens. Malgré tout, si cette école n’est pas parfaite, « il y quand même d’autres avis en face, d’autres histoires, d’autres gens, même s’ils ne sont pas toujours d’accord » conclut-elle.
 
Il est difficile de rester optimiste lorsqu’on entend un israélien de 17 ans expliquer qu’il a oublié ce que le mot « paix » signifiait. Troublé, il continue « voilà ! Qu’un jeune sensé être rêveur et naïf ne puisse pas vous dire ce que le mot paix signifie, c’est le problème de ce pays ».
 
Pourtant, This is my land est « our world ». Partout et très souvent l’autre est considéré comme une menace que l’on doit écarter. Le bilan que Tamara Erde dresse n’est pas seulement valable entre Israéliens et Palestiniens. L’éducation peut soit nous conforter dans notre entre soi et nous empêcher de « vouloir savoir », soit au contraire nous ouvrir les portes de la curiosité pour aller glaner, si ce n’est le vivre ensemble, au moins l’envie de savoir.
 
À nous de décider dans quel monde nous préférons vivre. Le film sortira en salle le 30 mars prochain.
 
Eva Tapiero
 
© visuels : DR
Article publié le 31 janvier 2016. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2016 Jewpop

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