Un cerveau pour respirer, un ventre pour penser

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Nos angoisses, les affronter ou nous y confronter ? Mais avons-nous vraiment, réellement le choix, car qui dirait « ah cet après-midi, je me ferais bien une petite angoisse ! » ?

 

Le sentiment d’anxiété pourrait ressembler à un état de frayeur interne qui se caractérise par des palpitations, une absence de sommeil, des fourmillements dans le bout des doigts, une absence de conscience momentanée. C’est précisément lors de ces crises que la vie semble si difficile à vivre, à affronter. Ce sentiment de perte de contrôle, de ne plus se sentir acteur de sa propre vie et de n’être plus qu’un simple spectateur paraît épouvantable.

 

Il ne faut pas perdre de vue que des solutions existent, que la guérison fait partie de notre dictionnaire. Mes patients me répètent au début des séances que le rétablissement est impossible, que l’angoisse est devenue une seconde peau. Il apparaît important alors de se poser la question des bénéfices secondaires ; quel serait, quel pourrait être le bénéfice de rester anxieux ?

 

Pouvoir appeler ses proches et se faire chouchouter, donner tort à la vie et se plaindre de tous les maux. Au fil du temps, j’ai vu mes patients progresser, évoluer, reconstituer l’estime d’eux-même ; guérir. Il faut partir en quête de trouver une certaine forme de paix intérieure, loin du repos du guerrier, mais proche d’une zen attitude.

 

Captain-Detendu-JewPop

 

Un cerveau pour respirer, un ventre pour penser !

 

Notre civilisation a longtemps voulu croire que nous pouvions tout penser, tout élaborer, tout intellectualiser sans nous préoccuper de notre corps, comme si ce dernier était une poubelle dont la seule vocation était de le nourrir de tout et n’importe quoi.

 

Depuis quelques années, ce qui était toujours demandé, exigé aux femmes, commence à être demandé aux hommes et à juste titre. Le corps a un capital, en conséquence, plus on le maltraite, plus il nous le fera payer.

 

Les techniques de respiration, le yoga, le tai chi, ne sont plus perçus comme des phénomènes sectaires, il s’agit bien de fondamentaux pour se porter mieux. La respiration est la colonne vertébrale du bien-être. La synchronisation cardiaque permet de se surpasser dans bien des domaines. Une fois l’angoisse calmée par la respiration, il est alors temps d’intellectualiser ce qui vient de se passer.

 
 

Banaliser ses craintes.

 

Aujourd’hui, avouer ses peurs est un phénomène qui tend à se banaliser. Il est très important de pouvoir parler à son entourage de ses ressentis. Ne découvrons-nous pas nos amis dans des moments de difficultés ? Appeler un ami la nuit, lui faire part de son ressenti, de son inquiétude si celle-ci est trop aiguë, fait partie des protocoles sur lesquels s’accorder avec ses proches, ceux qui travaillent de nuit par exemple. L’idée même de se dire que son entourage pourrait représenter un danger, comme le serait le témoin d’un accident, rend le sujet encore plus vulnérable, plus anxieux, de crainte que son entourage découvre qu’il est pâle, qu’il a du mal à respirer. Confesser son inquiétude à ses proches est déjà une façon de désamorcer ses angoisses.

 

À présent, France 2015, hommes et femmes ne cherchent, ne puisent que trop de sentiments de douleurs, d’inquiétude, d’étrangeté… La lumière attire la lumière, les ténèbres attirent les ténèbres, il faut y penser.

 
Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste
 
Lire la chronique de Rodolphe Oppenheimer « Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire à nos parents ? »
 
© visuels : EC Comics, Jack Kamen / Jewpop, Paris DJs, Ben Hito / DR

Article publié le 12 décembre 2015. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2015 Jewpop

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