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Fêtes de Tichri : les hommes au cluster, les femmes à la maison

7 minutes de lecture

C’est la question qui brûle toutes les lèvres dans la communauté juive depuis quelques jours : tu fais quoi pour les fêtes ? Petit tour du problème alors que s’organisent tant bien que mal, et plutôt mal, les offices des fêtes de Tichri.

Où sont les femmes ?

Capture d'écran Facebook femmes synagogues

Plusieurs lectrices nous ont alerté sur des directives orales de certains administrateurs de synagogues (consistoriales et indépendantes), expliquant qu’en raison des diminutions de jauge, seuls les hommes seront admis à prier dans leurs enceintes pour Roch Hachana, Yom Kippour et Souccot. Une décision qui a provoqué un émoi palpable sur les réseaux sociaux, et les inévitables débats halakhiques et anti ou pro-féministes que ces décisions suscitent. On imagine sans peine le choc que provoquerait une “mixité“ dans les rangs d’une synagogue traditionaliste, alternant par exemple rangée hommes et femmes sans séparation.

Oy vey masque Jewpop

Les femmes à la maison, voilà une solution bien plus convenable et pratique, d’autant plus qu’il va bien falloir garder les enfants de moins de 11 ans, qui figurent  parmi les bannis de synagogues durant les fêtes, selon les règles édictées par le Consistoire.

Orthodoxes vs Libéraux

Côté trou dans les finances des synagogues, balle au centre. Nous comprenons l’inquiétude des administrateurs qui ont vu fondre 50% de leur budget annuel en raison de la réduction du nombre de places et de l’absence de réservations payées par certains fidèles. Côté mesures de protection sanitaire, balle au centre également. Il s’agit peu ou prou des mêmes règles de distanciation sociale et de gestes barrières chez les orthodoxes que chez les libéraux, l’usage de zoom faisant parfois la différence… Reste la question des jauges, en particulier dans les synagogues mal ou pas ventilées, et les oratoires de taille réduite, qui font craindre le pire, quelles que soient les distances respectées entre fidèles.

Du côté du Consistoire

Protocole sanitaire Consistoire Tichri Jewpop

Les consignes sanitaires disponibles sur le site du Consistoire prêteraient à sourire – jaune – si la situation n’était aussi inquiétante… On notera le conseil de ne “pas toucher le mobilier” (autrement dit, pensez à poser vos mains uniquement sur vos livres de prière durant toute la durée des offices, et pas sur le dossier du rang devant vous), et surtout le très responsable “Le risque zéro n’existant pas, en dépit de tous nos avertissements et précautions sanitaires, les fidèles désireux de participer aux offices le feront sous leur propre responsabilité”.

masque Consistoire Jewpop

Au Consistoire, on a quand même pensé au problème fondamental de l’haleine de poney : “prévoir un changement du masque au cours de la journée de Kippour, en ayant pris soin de l’amener la veille”. Pour Roch Hachana, pas de problème, tu peux garder ton masque deux jours de suite.

L’avis des médecins

Si les “référents médicaux” ont été une fois de plus appelés à la rescousse par les responsables religieux, comme pendant la période de confinement, la plupart des médecins à qui nous avons posé la question “irez-vous à la synagogue pour les fêtes ?” nous ont majoritairement répondu par la négative. Un signe édifiant, qui marque la défiance des professionnels de santé pour le risque présenté – malgré les précautions sanitaires – par les synagogues en terme de foyers de contamination. Un peu comme si, avant de descendre une piste de ski, vous demandiez à un moniteur si tout est balisé, et qu’il vous réponde “Pas de problème, vous pouvez y aller, mais moi perso, j’éviterais…”

Notre vœu

Shofar en verre de Murano Jewpop

Shofar en verre de Murano, Venise (photo © Jewpop)

Notre position reste identique à celle que nous avons prôné durant le confinement : le principe de Pikouach Nefesh. La protection de la vie avant tout, quelles que soient les obligations religieuses, et zéro risque pris, quelles que soient  les mesures de précaution sanitaire adoptées.

Nous prierons – pour ceux qui prient – chez nous. Nous entendrons le son du shofar virtuellement. Et surtout, éviterons de mettre en danger la vie d’autrui en se réunissant dans de potentiels clusters, avec une pensée particulière pour nos aînés déjà cruellement frappés au début de l’épidémie, et toujours sujets à risques.

Nous sommes aussi conscients du besoin de chacun de se rendre à la synagogue. Il s’agit d’un choix personnel et intime que nous respectons évidemment.

Mais nous aurions rêvé d’une prise de décision responsable, conjointe et forte, du Grand rabbin de France et du président du Consistoire comme des leaders et rabbins libéraux et massorti, expliquant aux fidèles que cette année, il était plus sage, en raison de l’augmentation notable des cas d’hospitalisation à la rentrée, de rester chez soi pour les fêtes de Tichri, car il y en aura encore bien d’autres à célébrer à l’avenir. Un vœu pieux…

Nous vous souhaitons à toutes et à tous Chana tova et de belles fêtes de Tichri, malgré tout. Et une très bonne santé pour vous et vos proches.

La rédaction de Jewpop

© photos : DR
Article publié le 15 septembre 2020. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2020 Jewpop
 
 

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