Haïm Saban, l'homme qui tombe à pic dans l'affaire Orange

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Les propos tenus au Caire cette semaine par Stéphane Richard, PDG d’Orange, sur le possible «retrait» de la licence de la marque en Israël, ont provoqué émoi et polémique dans le pays et au sein de la communauté juive française, soupçonnant l’opérateur de céder à la campagne de boycott d’ONG pro-palestiniennes. Stéphane Richard s’en est défendu jeudi dans Le Monde, niant toute intention politique et rappelant qu’ «Il n’est pas dans la politique du groupe qu’un opérateur sur lequel nous n’avons aucun contrôle utilise notre marque». L’opérateur israélien en question, Partner, dont la situation est unique au sein d’Orange, a répliqué par la voix de son actionnaire principal Haïm Saban, qui a exprimé sa volonté de donner des suites judiciaires à l’affaire. Gageons que Saban saura aussi donner de la voix comme dans « L’homme qui tombe à pic », l’un de ses succès discographiques en 1982. Retour sur la prolifique carrière de l’homme connu du tout Hollywood et de tous les français fans de séries tv.
 
Je n’suis pas le genre de mec qui aime la bagarre
Faut pas m’pousser trop loin tu vois, et faut pas me chercher
chante Lionel Leroy dans l’adaptation française, réalisée par Haïm Saban, de la chanson du feuilleton “L’homme qui tombe à pic”. Lionel Leroy est un pseudonyme utilisé alors par Yves Martin – mari et producteur de Sheila – lorsqu’il chante, mais qui va se révéler prémonitoire pour le réel interprète de ce titre, Haïm Saban, qui sera surnommé quelques années plus tard le «roi Midas» des médias.
 

 
«On peut expliquer le succès de la maison Saban de plusieurs manières. Mais il faut surtout reconnaître que Haïm Saban a du nez.» écrit en 2000 Rémy Frère dans un article consacré à la saga Saban pour Libé. Né à Alexandrie en 1944 dans une famille d’origine modeste – son père est employé chez un marchand de jouets, sa mère couturière – il émigre avec ses parents en Israël au moment de la crise de Suez, en 1956.  Au début des années 1970, fan de musique, il s’oriente vers le management, notamment pour le groupe de rock israélien The Lions, et organise des concerts avec des artistes internationaux. La guerre du Kippour va briser net son élan, le menant en France où il repart à zéro, fondant son label Saban records avec son ami compositeur Shuki Levy.
 

 
C’est en 1979, avec la chanson du dessin animé Goldorak, interprétée par le chanteur israélien alors post-pubère Noam, qu’il connaît son premier hit comme producteur. Le succès est fulgurant, et Saban creuse alors le filon des musiques de dessins animés avec son alter ego Shuki Levy (le Shuki du duo 70s Shuki et Aviva), les deux israéliens devenant les Lennon/McCartney du genre, d’Ulysse 31 à l’Inspecteur Gadget en passant par Les mystérieuses cités d’or et autres séries tv telles que Dallas, Starsky et Hutch ou Wonder Woman, dont il produit et co-écrit les adaptations françaises des chansons génériques.
 

 
Au milieu des années 1980, Saban quitte Paris pour Hollywood, où Shuki Levy, qui y a fait son trou comme compositeur, lui propose de le rejoindre, et démontre une fois de plus son flair imparable. Il est l’un des premiers à repérer le potentiel des dessins animés et séries japonaises produits à la chaîne, qu’il va distribuer dans le monde entier via sa nouvelle société Saban International, tout en multipliant les produits dérivés de ces séries. À son actif, les succès des Power Rangers, Tortues Ninja ou encore Digimon, ancêtres des Pokemon.
 
La suite de l’histoire lui fait croiser la route du géant des médias Rupert Murdoch, avec qui il lance Fox Kids, un détour en Allemagne pour consolider son empire audiovisuel, pour aboutir en Israël, avec sa société Partner. Haïm Saban, israélo-américain, proche des démocrates US et du parti travailliste israélien, a déclaré jeudi à la télé israélienne qu’Orange « a cédé à des pressions de toutes sortes d’organisations antisémites » ajoutant en citant un passage de la Haggadah de Pessah « Dans chaque génération, ils se lèvent pour nous détruire – nous sommes forts et unis et allons les combattre. »
 

 
«Vite, aux chambres de lancement» ! Les méchants de la planète Orange n’ont qu’à bien se tenir, L’homme qui tombe à pic, armé de son astro-hache, est de retour sur scène !
 
Alain Granat
Lire l’interview de Haïm Saban pour The New Yorker en 2010.
Lire le point de vue de Jérémie Berrebi, business angel et entrepreneur, « Pourquoi je soutiens Stéphane Richard et Orange » sur son blog
© photos : Martin Schoeller, The NewYorker / DR
Article publié le 7 juin 2015. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2015 Jewpop
 

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