Photo du rappeur Nissim Black Jewpop

Le rap orthodox school de Nissim Black

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Nissim Black, rappeur originaire de Seattle converti au judaïsme, se paie ouvertement la tête de Louis Farrakhan dans le clip de son nouveau titre Mothaland Bounce, tandis que l’artiste aujourd’hui établi à Jérusalem y réaffirme sa fierté d’être Noir et Juif. Retour sur l’incroyable parcours d’un adepte du gangsta rap, qui a remplacé sa casquette par un shtreimel et est devenu le héraut de l’orthodox school rap.

Photo du rappeur Nissim Black clip Mothaland Bounce Jewpop

Nissim Black parodiant Louis Farrakhan dans son clip Mothaland Bounce

De Seattle à Jérusalem

Nissim Black, 34 ans, né Damian Jahomi Black, n’est pas le premier rappeur afro-américain, à l’instar de Jamaal Barrow plus connu son son nom d’artiste Shyne, à s’être converti au judaïsme et à intégrer le monde des ultra-orthodoxes. Un parcours spirituel qui l’a vu passer d’un block de Sword Park, quartier du Sud-Est de Seattle où se côtoient Noirs et Hassidim, aux méandres de Mea Shearim, et du gangsta rap à la découverte de Rabbi Nahman de Breslev et l’étude de la Torah.

Avant de se convertir au judaïsme, Nissim Black est passé par l’islam, accompagnant enfant son grand-père à la mosquée, ce dernier, ex-détenu, lui enseignant le Coran jusqu’à son retour à la case prison. Toujours en quête de spiritualité, il se tournera adolescent vers le christianisme. Avant de découvrir la Torah à travers le judaïsme messianique, ce mouvement controversé pour sa propension à convertir les juifs au christianisme, à l’image des “Jews for Jesus”, missionnaires chrétiens évangélistes galvanisés par l’élection de Donald Trump.

Entretemps, Nissim Black, issu d’une famille de musiciens où il est exposé enfant à la violence, entre deals et flingues posés sur la table de la cuisine, s’est fait un petit nom sur la scène hip hop de Seattle. Avec deux albums, The Cause and the Effect en 2006 et Ali’yah en 2009, ce dernier disque produit alors qu’il fréquente les cercles du judaïsme messianique, D. Black – son nom d’artiste – joue encore sur tous les clichés du gansta rap.

Photo de Nissim Black portant un shtreimel Jewpop

Afrojew

C’est en 2008 que le déclic se produit, lors d’une visite au Beit Habad de Seattle où il se rend pour apprendre l’hébreu. Suivra la découverte de l’enseignement de Rabbi Nahman, qui l’entraînera dans un processus de conversion, accompagné par son épouse, chrétienne. Damian Black mettra alors un terme provisoire à sa carrière, avant de s’installer à Jérusalem en 2016, où il réside depuis avec sa femme et ses cinq enfants.

Aujourd’hui, Nissim (miracle en hébreu) Black n’a rien perdu de son flow, qui n’est pas sans rappeler celui de Heavy D, et livre avec Mothaland Bounce un son ancré dans un hip hop groovy tendance afrojew, expliquant que ce dernier track, dont le clip a été réalisé dans son quartier d’enfance de Seattle, est “sa façon d’exprimer que s’il est devenu Juif, il reste profondément Noir et attaché à ses racines”. Preuve de sa nouvelle aura, il a récemment fait l’objet d’un reportage du très suivi magazine vidéo Gangsta Rap International produit par le webmagazine américain Vice.

Depuis son single “The Black Miracle” lancé en 2013 lors de la fête de Hanouka, puis son mini-hit de 2016 “Hashem Melech 2.0” avec Gad Elbaz, qui atteindra la 3ème place du chart “Musiques du monde” sur iTunes et plus de 5 millions de vues YouTube, Nissim Black a creusé son trou dans un créneau pointu, l’orthodox school rap, dont il est désormais la figure emblématique et joviale.

Lou Levy

© photos : DR
Article publié le 12 février 2020. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2020 Jewpop
 

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